Lorsque que l’on débute la mémorisation du Coran, il arrive fréquemment que l’on commence par les plus petites sourates. Tentons de voir ci-dessous le tafsir sourate An-Nas par le noble savant Ibn Kathir.
Tafsir sourate An-Nas, la 114ème du Livre Saint
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Dis: «Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes.
Le Souverain des hommes,
Dieu des hommes,
contre le mal du mauvais conseiller, furtif,
qui souffle le mal dans les poitrines des hommes,
qu’il soit un djinn, ou un être humain».
Il s’agit là de trois des attributs d’Allah, la Seigneurie (rouboubiyya), la Souveraineté (moulk) et la Divinité (ilahiyya). Allah est donc le Seigneur, le Souverrain et le Dieu de toute chose. Tout ce qui existe fait partie de Sa Création, Lui appartient et Lui est soumis. Il a donc ordonné à celui qui protection contre le mal du mauvais conseiller furtif de le faire auprès de Celui qui possède ces Attributs (mentionnés au début de la sourate).
Ce « mauvais conseiller furtif » est le démon assigné à chaque individu, car à tout homme est assigné un compagnon qui lui embellit les actes abominables. Et il n »épargne aucun effort pour le conduire à sa perte puis seul celui qu’Allah préserve est protégé (de son mal).
La preuve
Ainsi, il est rapporté de source sûre dans le recueil authentique (de Mouslim) que le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit :
Il n’y a personne parmi vous qui n’ait été confié à un compagnon (un démon) qui se charge de lui.
Les compagnons demandèrent alors :
Toi aussi, ô Messager d’Allah ?
Il répondit :
Oui, sauf qu’Allah m’a aidé contre lui. Il est donc devenu musulman, si bien qu’il ne m’incite à accomplir que le bien.
(Mouslim : 4/2167).
Al-Boukhari et Mouslim rapporte également, dans leurs recueils authentiques, d’après Anas, que Safiyya (l’épouse de Mohamed paix et bénédiction sur lui) rendit visite au Prophète (paix et bénédiction sur lui alors qu’il était en retraite dans la mosquée. Au cours de la nuit, Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) quitta la mosquée pour la raccompagner chez elle. Deux hommes des Ansars le rencontrèrent sur le chemin puis, à la vue du Prophète (paix et bénédiction sur lui) ils pressèrent le pas. Il leur dit :
Doucement, ce n’est que Safiyya, la fille de Houyay.
Ils s’exclament en disant :
Gloire et pureté à Allah ! Ô Messager d’Allah.
Le Prophète dit alors :
Satan s’insinue chez l’homme comme le sang circule (dans son corps), et j’ai craint qu’il ne vous suggère quelque chose (ou quelques mauvaises pensées).
(Fat’h-al-bari : 4/326).
Tafsir sourate An-Nas, interprétation de Ibn ‘Abbas
Selon Said Ibn Joubayr, Ibn ‘Abbâs interprète le verset :
« du mauvais conseiller furtif ».
De la manière suivante :
« Satan est allongé à plat ventre sur le coeur de l’homme sans en bouger. Aussi, lorsque l’homme oubli Allah par négligence et insouciance, Satan lui souffre certaines suggestions mais lorsqu’il se rappelle Allah (Dhirk), Satan se retire ».
(At-Tabari, 24/709).
Telle fut l’interprétation de Moujâhid et Qatâda. (At-Tabari, 24/710).
Al-Mou’tamir ibn Soulayman rapporte ces paroles de son père :
On m’a affirmé que Satan, le mauvais conseiller, souffle certaines suggestions dans le coeur de l’homme lorsque ce dernier est triste ou heureux. Mais, lorsque l’homme évoque Allah (Dhirk), Satan se retire.
(At-Tabari, 24/710).
Al-‘Awfi rapporte, selon Ibn ‘Abbâs, que le (mauvais conseiller) est Satan. Il incite (au mal) puis, lorsqu’on lui obéit, il se retire.
qui souffle le mal dans les poitrines des hommes.
Cela concerne-t-il exclusivement les hommes, comme le verset semble l’indiquer, ou bien les hommes et les djinns ?
Les deux avis ont été rapportés. Or s’il est vrai que seuls les hommes (an-nas), ont été cités, et ce compte tenu de leur supériorité, le terme englobe plus généralement hommes et djinns.
Ibn Jârir affirme :
On a bien utilisé, à leur sud-jet, l’expression (des hommes parmi les djinns, rijâloun min al-jinn)*, et il n’est donc pas inhabituel de dire que le terme (an-nas) s’applique aussi à eux**.
*Dans la sourate les Djinns.
**(At-Tabari, 24/711).
qu’il soit un djinn, ou un être humain.
Ce verset vient-il en explication de celui qui le précède :
qui souffle le mal dans les poitrines des hommes.
Allah expliquerait alors (la nature de ces gens) en disant :
qu’il soit un djinn, ou un être humain. Cette interprétation vient à l’appui du second avis (selon lequel le terme « An-Nas » englobe à la fois les hommes et les djinns).
On dit aussi que le verset :
qu’il soit un djinn, ou un être humain.
Précise la nature de ceux qui soufflent le mal dans les poitrines des hommes. Il s’agit des démons parmi les hommes et les djinns.
Allah dit de même :
Ainsi, à chaque prophète avons-Nous assigné un ennemi : des démons d’entre les hommes et les djinns qui s’inspirent trompeusement les uns aux autres des paroles enjolivées. (6/112).
Par ailleurs, l’imam Ahmad rapporte ce récit d’Ibn ‘Abbâs :
Un homme alla trouver le Prophète (paix et bénédiction sur lui) et lui dit :
Ô Messager d’Allah ! Des mauvaises pensées me viennent parfois à l’esprit. Et je préfère tomber du ciel plutôt que d’en parler.
Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) dit :
Allah est le plus grand ! Allah est le plus grand ! Louange à Allah qui, des ruses de Satan, n’a fait que de simple suggestions.
(Ahmad : 1/235).
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